En début d’année, j’ai perdu brutalement Sunny.

Je me retrouve à la maison avec seulement deux chiens, et je ressens comme l’envie de revenir à trois.

Étant donné la configuration actuelle, je penche plus pour un chien âgé, qui viendrait finir ses jours à la maison, comme je l’avais fait il y a quelques années avec ma chienne Lara, via l’association BorderLine Collie.

Je fouillais la page Facebook de l’asso à la recherche d’une mamie ou d’un papi qui pourrait rejoindre la maison et finir tranquillement sa vie chez moi, quand j’ai vu une annonce qui n’avait rien à voir avec ça…

J’ai toujours eu un faible pour les border collies oranges (on dit ee-red quand on veut avoir l’air très cultivé sur les couleurs de borders).

Alors à 23h45, j’ai envoyé un message pour avoir plus d’infos sur lui… Et j’en ai eu !

L’histoire de Jaïko, c’est une histoire pas drôle du tout. Acheté chiot, il est ramené à l’élevage, puis l’élevage doit être saisi. Là-bas, d’après ce qu’on m’a dit, ils avaient l’habitude de lui filer des coups de pieds quand il était trop excité. Heureusement, il est sorti de là, et à 5 mois, il part en famille d’accueil. Il s’y épanouit : c’est un chouette chien, plutôt proche de ses humains, très câlin. Mais petit à petit, Jaïko devient réactif. Aux humains, aux chiens, aux vélos… La classique du border collie sensible, avec un passé pas sympa.

L’association cherche plusieurs solutions, fait appel à des pros, mais le comportement de Jaïko empire. Il pince plusieurs personnes, à plusieurs reprises.

La situation devient critique : il ne peut être sorti qu’en muselière et en longe, et il devient quasiment impossible pour sa famille d’accueil de recevoir du monde à la maison — Jaïko agresse tous ceux qu’il ne connaît pas.

Et voilà que l’asso lance le SOS que j’ai vu.

J’ai vu les vidéos où il agresse, j’ai vu aussi le travail mis en place par certains pros pour le corriger, et mon cœur se serre… L’approche n’est clairement pas la bonne : il est en détresse émotionnelle, et les humains qui l’accompagnent aussi. Et comme ça fait longtemps que je n’ai pas eu de chien réactif à la maison (et que ma vie est un peu trop calme… tout ceci est faux !), je craque. Je me dis : let’s go.

Au lieu de prendre une petite mamie border, je vais aider ce chien réactif à retrouver confiance dans l’humain et à trouver ensuite sa famille pour la vie.

Oui, je le dis déjà : il ne restera pas chez moi. Pas parce qu’il est trop compliqué, mais parce que je veux pouvoir accueillir d’autres chiens difficiles à l’avenir, et que mon temps et ma maison ne sont pas extensibles à l’infini.

Alors on va faire en sorte que Jaïko retrouve de la sérénité en présence des humains, pour qu’il puisse vivre la vie qu’il mérite, avec sa future famille.


Le Journal de Jaïko — Border collie réactif en évolution

Mon idée ici, c’est de partager ce que j’ai mis en place avec lui pour l’aider, et comment j’ai ajusté ma stratégie au fur et à mesure de ses progrès en rééducation canine.

Si tu veux voir des vidéos de lui en action, je te conseille de me suivre sur Instagram ou Facebook : j’y documente ses progrès.


1. Éviter plutôt qu’agresser

On ne se connaît pas du tout, et au début, il a très peur de moi. Il aboie quand je bouge dans la maison et cherche à se cacher.

La première chose que je veux lui faire comprendre, c’est qu’éviter ce qui lui fait peur est une bonne option — une alternative à l’agression.

Pour rappel, un chien qui se sent menacé peut réagir par :

  • La fuite
  • La sidération
  • L’apaisement
  • L’agression

(J’en parle plus en détail dans cet épisode de podcast) sur la réactivité canine.

Jaïko a appris que les trois premières options ne marchaient pas très bien, mais que mordre ou agresser permettait de faire reculer ce qui lui fait peur. Donc il a adopté ce réflexe par défaut.

Une des approches précédentes avait été de ne pas réagir quand il agressait, pour qu’il apprenne que ça ne sert à rien. Problème ? On ne lui apprenait pas quoi faire à la place.

Moi, je me concentre sur la première option : lui apprendre à fuir, à éviter plutôt que confronter.

Donc, dès qu’il cherche à s’éloigner, je l’encourage.

Je lui propose même plusieurs pièces dans lesquelles il peut se réfugier.

Je ne le force jamais au contact.

Je ne m’approche pas.

Je le renforce quand il choisit d’éviter l’humain plutôt que de réagir. Et ça lui parle : il commence à bouger plus calmement, à s’éloigner sans panique.


2. Faire confiance sans être trahi

Cet évitement n’a de sens que s’il est respecté. S’il s’éloigne, il faut que l’objet de sa peur ne le poursuive pas, ne devienne pas plus menaçant.

Cela implique qu’il puisse me faire confiance. Que je sois une figure stable, fiable, qui ne le confrontera pas à ce qu’il redoute.

Ne pas le toucher sans son consentement. Arrêter quand il montre qu’il en a assez. Respecter son langage corporel.

C’est tout bête. Et pourtant, c’est fondamental : je l’écoute et je le respecte.

Le soir de son arrivée, après pas mal de stress et une bonne exploration de la maison, je me suis posée sans rien attendre. Et c’est lui qui est venu chercher le contact.


3. Se sentir bien au quotidien

Quand on veut aider un chien agressif, réactif, ou traumatisé, il faut d’abord améliorer au maximum son bien-être global.

Cela passe par :

  • Traiter d’éventuelles douleurs
  • Un sommeil profond et réparateur
  • Une alimentation adaptée
  • Une activité physique adaptée à ses besoins
  • Et surtout : la sensation de sécurité

J’ai donc fait plusieurs aménagements pour Jaïko :

  • Passage à une ration ménagère (la même que pour mes chiens)
  • Supplémentation en probiotiques et oméga 3 (il est très sensible côté digestion)
  • Création d’une pièce de calme, exclusivement pour lui

C’est dans cette pièce que je pourrai plus tard travailler la gestion des invités ou des inconnus.

J’ai aussi structuré sa journée avec des temps d’activité et de longues siestes, indispensables pour baisser son niveau d’excitation et ancrer ses apprentissages. J’ai veillé à ce que ses contacts avec mes autres chiens soient calmes et encadrés.


Voilà donc les bases de la rééducation de Jaïko, posées avant même de commencer le moindre entraînement actif.

Dans un prochain article, je te partagerai les premiers exercices concrets que j’ai mis en place pour l’aider à se détendre en présence des humains.

Et si tu envisages, toi aussi, d’adopter un border collie ou d’en accueillir en famille d’accueil, tu peux consulter les annonces de l’association BorderLine Collie — Ils ont plein de chiens super sympas qui attendent leur foyer pour la vie ! Et promis, Jaïko est un cas à part 😉